La voiture électrique n’en finit pas d’arriver. Ça coince au niveau de la batterie. Les meilleures disponibles, « au lithium », sont trop chères, trop encombrantes. Leur prix permet d’envisager de superbes bolides de luxe comme la Tesla Roadster, qui promet le 100 Km/h départ arrêté en moins de quatre secondes. Mais pour la voiture de Monsieur (et Madame) Tout-le-monde, on attend de nouvelles variétés de batteries, moins chères et plus compactes.
En plus, même les meilleures batteries ont deux gros inconvénients. Primo elles supportent un nombre réduit de « cycles ». L’ordre de grandeur est le millier. Cela signifie qu’après avoir été chargée et déchargée mille fois environ, après mille « pleins », une batterie est bonne pour le recyclage. Ce qui en fait un coûteux consommable, plutôt qu’un réservoir. Secundo, ces batteries ont un temps de charge long : de l’ordre de l’heure, cinq minutes au mieux. Et les charges partielles abrègent leur existence.
Il y a un troisième petit défaut à signaler : elles sont lentes au démarrage. Quand on appuie sur le champignon, une batterie est incapable de fournir instantanément tous les ampères dont on a besoin pour démarrer. C’est pourquoi toutes les voitures électriques comportent un accessoire important : un très gros condensateur ou supercondensateur.
Un condensateur stocke l’électricité directement, sous forme de charges électriques et le restitue instantanément. Il se charge en une seconde. Et on peut le charger et décharger à la louche un million de fois. Mais alors, un supercondensateur, ce serait un peu comme une batterie, en bien mieux ? Dans ce cas, pourquoi on n’équiperait pas les voitures électriques d’un supercondensateur, plutôt que d’une batterie ? Il est où, le hic ?
Le bémol est dans la « densité d’énergie ». Un supercondensateur stocke bien moins de Wh par kilo (et par litre) qu’une bonne batterie.
Sauf que…
Sauf qu’il se passe – peut-être – quelque chose d’énorme à Cedar Park, au Texas. Là-bas, une intrigante entreprise nommée EEStor explique au monde qu’elle serait en mesure de commercialiser bientôt un « Electrical Energy Storage Unit » (EESU), offrant une densité d’énergie trois fois supérieure à celle des meilleures batteries au Lithium sur le marché. Trois fois… Inutile de préciser que bon nombre d’observateurs sont sceptiques.
Peu de détails ont filtré. Les observateurs parlent de supercondensateur, mais il pourrait s’agir d’une technologie mi-chèvre, mi-chou. Le matériau essentiel serait du titanate de baryum, isolé par de l’oxyde d’aluminium. Les spécialistes des matériaux voient mal comment cette recette pourrait déboucher sur les performances annoncées.
Quelques indices, pourtant, laissent penser que cette affaire pourrait être sérieuse. Pièce à conviction numéro un : ZENN Motor, une entreprise canadienne de Toronto, actionnaire de EEStor, annonce la sortie des premières voitures électriques équipées d’un EESU pour l’automne 2009. 130 Km/h, 400 Km d’autonomie. « Pas cher », disent-ils, ce qui est un peu vague.
Pièce à conviction numéro deux : parmi les investisseurs de EEStor, figure la firme de venture capital Kleiner Perkins Caufield & Byers, qui n’est pas réputée pour placer ses billes sans regarder où elle met les pieds.
Pièce à conviction numéro trois : Lockheed Martin, le géant de l’aéronautique et de l’armement, a signé un deal avec EEStor pour l’utilisation de son EESU dans des applications militaires. Son communiqué de presse est dithyrambique… Il annonce un coût par kWh stocké deux fois inférieur à celui d’une batterie classique. EEStor aurait attrapé cette mouche avec du vinaigre ?
Pièce à conviction numéro quatre : la très sérieuse Technology Review ne craint pas de consacrer des articles à EEStor, même si c’est en affichant une prudence de principe.
De deux choses l’une, donc. Ou bien EEStor a mené en bateau une jolie brochette d’investisseurs et observateurs. Ou bien EEStor a inventé le successeur de la batterie, et du même coup la source d’énergie portable qui va révolutionner les transports. Et bien d’autres choses.
Source: aietech.com | CC